lundi 14 septembre 2009

les mots de carine roitfeld


On commence la semaine avec une interview de Carine Roitfeld accordée au Journal du Dimanche et parue sur leur site JDD le 12 septembre 2009, lors de la Fashion Week new-yorkaise.

Vous vous envolez pour New York pour assister aux défilés, excitée ou pas?
Parfois je me dis: la routine, encore une collection! Mais dès que la saison approche, je me remets dans l’ambiance. Je sais que je vais encore me laisser surprendre et m’enthousiasmer. Et puis la fashion week de New York est la première plongée dans les nouveautés, avant Londres, Milan et Paris qui boucle la ronde des grands défilés.

Le monde de la mode américaine bouge-t-il enfin?
On a parfois un sentiment d’inertie, celui d’un univers dominé par quelques grands noms. Les Ralph Lauren, Calvin Klein, Diane von Furstenberg, Carolina Herrera, Michael Kors ou encore Donna Karan et Oscar De La Renta. A chaque saison, ils apportent des collections qui génèrent un business énorme. Mais le sang neuf est là aussi.

Où classez-vous Marc Jacobs?
Il est inclassable. C’est l’enfant terrible de la mode américaine. Ses présentations sont toujours un happening. En 1994, son premier défilé avait déjà fait grand bruit avec une collection très grunge.

"Tout se passe encore" à Paris

Quels sont les nouveaux noms de la mode made in the USA?
Depuis une décennie, deux nouvelles vagues ont émergé. Dans les années 2000, sont arrivés Rodarte, la marque des sœurs Mulleavy, Proenza Schouler, Derek Lam, Phillip Lim ou encore Lauren Scott. Ils créent pour une clientèle plus jeune et osent davantage que leurs aînés. Les sœurs Mulleavy qui vivent en Californie se sont démarquées en lançant des vêtements tricotés très nouveaux. Cette génération a eu le temps de se faire connaître et de rayonner dans les cosmétiques et les accessoires. Depuis deux ans, nous voyons émerger de nouveaux noms. J’en retiendrai trois: Alexander Wang, le chouchou des rédactrices de mode et des mannequins, Thakoon Panichgul, et Joseph Altuzarra qui a vendu ses vestes à Michelle Obama. Leurs clientes ont leur âge. Leurs jupes sont trop courtes pour moi.

Au final, les créateurs américains ont-ils du style?
Ce qui les caractérise, c’est l’envie de vendre. Ils veulent être en vitrine et dans la rue, au risque de devoir se montrer moins créatifs pour séduire les acheteurs des grands magasins, comme autrefois leurs aînés. A l’inverse, en France, un jeune créateur pensera avant tout à faire un défilé qui lui plaît.

La vraie capitale de la création reste Paris?
Tout se passe encore ici, les défilés les plus attendus et ceux qui laissent la plus grande part au rêve et à la créativité, sans penser au carnet de commandes.

Pourquoi consacrez-vous si peu de place dans Vogue France aux créateurs américains?
C’est faux. Nous leur consacrons régulièrement des papiers et notre couverture d’octobre mettra à l’honneur Ralph Lauren. On fait passer tout le monde. Cela dit, nous tenons aussi compte de leur présence en France. Si on parle d’eux et qu’ils n’ont pas de points de vente, c’est énervant pour nos lectrices.

"Un film bien fait sur la mode"

Vous avez lancé la mode des muses tarifées, bonne ou mauvaise idée?
J’ai joué ce rôle avec Tom Ford pour Gucci pendant dix ans. Maintenant, je ne donne plus que des conseils gratuits. Je trouve dommage que plusieurs designers fassent appel à la même muse. Cela se voit. C’est la même patte pour tous. Mais c’est un fait, beaucoup de maisons sollicitent un regard extérieur. Elles ont peur de se planter. Les muses sont devenues leur assurance style.

Avez-vous vu le documentaire The September Issue consacré à Anna Wintour, la patronne du Vogue USA et qu’en pensez-vous?
Je l’ai vu en projection privée avant les vacances. Je connais bien la maison et Anna pour avoir travaillé en free-lance avec le Vogue américain. The September Issue est un retour sur le Vogue des records, celui de septembre 2007 qui a engrangé un nombre incroyable de pages de pub. Le film permet de mesurer le pouvoir énorme qu’Anna Wintour exerce sur l’industrie de la mode aux Etats-Unis. C’est très malin de sa part d’avoir fait ça après Le diable s’habille en Prada qui la prenait pour cible. C’est une promotion énorme pour Vogue et pour elle. Anna est une femme de pouvoir.

On répète à l’envi que vous pourriez lui succéder…
J’en serais très flattée, je réfléchirais, mais je pense que je refuserais. Je ne suis pas sûre d’avoir sa force. Et puis j’aime beaucoup la mode. Le modèle de Vogue France, c’est le Festin de Babette. Tout est important. Anna Wintour montre la mode et les collections. Elle voit tout et impose ses choix. Moi, je laisse s’exprimer des points de vue.

Donc elle n’est pas votre meilleure ennemie?
On est assise face à face pendant les défilés mais je n’ai pas de problème avec elle. Mes enfants vivent à New York depuis quelque temps. Or, lorsqu’ils sont arrivés, elle a été la première à les avoir invités à dîner et à des fêtes.

Si vous deviez quitter Vogue vous feriez quoi?
J’aimerai réaliser un film bien fait sur la mode. C’est un monde beaucoup plus amusant que celui dépeint par Robert Altman dans Prêt-à-porter.

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2 commentaires

Tiana Couture's Addict a dit…

SUPERBE interview, je n'aurait jamais pensé qu'elle refuserait de succéder à ANNA Wintour chez VOGUE US par contre, c'est un scoop.O_o
Becs la miss!

ludivine-emilie a dit…

c'est vrai que l'interview est sympa!
mais peut-etre que ce ne sont que des mots, une sorte de strategie de comm'...dans ce milieu, on ne sait jamais!
mais je pense que c est sincere.
bizz miss Tiana!

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